Dans la geste du Mahabharata, la grande épopée indienne, Arjuna et ses 4 frères, les Pandavas, tous princes valeureux et bien intentionnés, furent injustement dépossédés de leurs biens et de leur statut princier par leur oncle et cousins, les Kauravas. Krishna essaya par tous moyens de ramener à la raison les Kauravas mais en vain. Les Pandavas furent malmenés, humiliés, chassés, et finalement après plus de douze années de persécutions et d’exil, une guerre fratricide s’engagea entre les deux parties. Chacun dans le royaume dû choisir son camp, celui de la vérité, celui du mensonge.

Au moment d’engager le combat Arjuna fut saisi de doute, terrifié à l’idée de combattre ses cousins, ses aieux, ses maîtres d’armes, ses proches. Il laissa choir à terre son arc et ses flèches et dit à Krishna son ami très cher : « Je ne combattrais pas ».

Un dialogue s’initia alors entre Arjuna et Krishna, durant lequel, les devoir sociaux, la science de l’âme, la science du yoga furent débattue. Dans ce dialogue, la Bhagavad Gita, un des joyaux de la pensée indienne et du yoga, Krishna encourage Arjuna à faire triompher la justice et la vérité.

Toujours en Inde, cette fois au bengale. Il y a environ 500 ans, Chaitanya, initiateur d’un courant majeur du bhakti yoga, célèbre mystique, « Un des plus grands de tout les temps » selon Robert Sailley*, dans son livre « Chaitanya et la dévotion à Krishna »**, tint tête au pouvoir en place. À l’époque, à peine âgé de 20 ans, il initia le « nagar sankirtana », un rassemblement populaire où il chantait des mantras, dansait pendant des heures dans les rues et sur les esplanades jusqu’à des transes collectives. Le gouverneur en place, prétextant une atteinte à l’ordre public, interdit tout rassemblement, allant jusqu’à faire casser les instruments de musique. Chaitanya organisa alors un mouvement de désobéissance civile sous l’étendard de l’amour et de la bienveillance.

Avec pour seul soutien une armée de musiciens, tous équipés de khols, dholaks, mridangas, karatals, toutes percussions indiennes, et des milliers de personnes qui rejoignirent son mouvement, ils firent grand bruit ; Le gouverneur n’eut d’autre choix que de revenir sur sa décision. Tous ensemble, sans la moindre violence, ils purent reprendre leurs célébrations festives,

Face à l’injustice, face à l’oppression, face aux mensonges, il est juste d’y opposer la voix de la vérité et du courage. C’est le chemin tracé par les grands yogis de l’Inde, chemin de bienveillance, parfois exigeant mais toujours joyeux.

* Robert Sailley : Universitaire, orientaliste
** Édition Dervy Livres

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Pour illustrer mon propos j’ai choisi cette belle peinture d’Arjuna et Krishna au milieu du champ de bataille. J’aime bien cette peinture pour la chaleur des couleurs et sa belle composition. Mais surtout, on y voit Arjuna, tombé à terre, terrassé par ses émotions, le doute, et Krishna, sûr de lui, qui fait signe à son ami Arjuna de se relever. Parfois dans la vie nous avons besoin d’aide pour traverser les épreuves, trouver une inspiration, du courage. Je trouve cette amitié très belle car Krishna n’impose rien à Arjuna, ne lui dit il pas à la fin de la Bhagavad gita après lui avoir révélé la science du yoga – « Agis comme il te plaira ». Il n’a de cesse de lui renouveler à jamais son amitié.